jeudi, juillet 4, 2024
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comme, Atom, le YouTubeur natif de Perpignan aux 330 000 abonnés, est la référence française des effets spéciaux

Il s'est fait son trou tout seul, biberonné aux tutoriels sur les techniques du cinéma. À 27 ans, Eric Tualle, né à Perpignan, est aujourd'hui le YouTubeur incontournable en matière de décryptage des effets spéciaux. Rencontre dans son studio, là où les images les plus bluffantes sont tournées chaque semaine. 

Salon, cuisine, passage devant la salle de bains, c'est dans une pièce au fond de son appartement d'une résidence flambant neuve de Montpellier que son studio a été aménagé. Dans ce qui devait être prévu pour être une chambre. Des écrans en quinconce, une unité centrale grande comme un frigo, un rideau sombre à la fenêtre. Des lumières vertes et des plaques d'isolant phonique sur les murs. Une caméra au-dessus d'un bureau, et du matériel que le commun des mortels ne saurait identifier… L'antre d'un YouTubeur professionnel qui s'est taillé au fil du temps une jolie réputation de spécialiste, et une communauté à la mesure : 300 000 abonnés sur sa chaîne, sans oublier encore 200 000 sur Facebook, 62 000 sur Instagram, 50 000 sur TikTok… 

Des internautes fidélisés parce qu'il est le seul, en France, à vulgariser les techniques d'audiovisuel, et autres effets spéciaux, 3D et aujourd'hui l'IA (intelligence artificielle). Et qu'il a su trouver le bon ton pour le faire.

C'est d'abord dans les rues de Canohès où résidait sa famille que le garçon, alors collégien, faisait tourner ses potes dans des courts-métrages où il tordait déjà la réalité pour la plier aux exigences de son imagination débordante. "À la base, j'étais passionné de magie, confie Eric Tualle, autrement dit Atom. J'étais fasciné par l'illusion, j'étais de la sorte dingue d'origami." 

Pour illustrer son propos avec une touche d'humour, Eric s'est glissé dans les tournages qu'il décrypte dans son ouvrage.
Sophie Babey – L'Indépendant

Le déclic dans sa tête de gamin, c'est Jurassic Park. Même si, quand il découvre le film, les effets spéciaux de Spielberg datent déjà : "Ça m'a fait me poser la question 'Mais comment ça marche?". Là-dessus, un papa mordu d'ordinateurs : "On s'était fait une énorme collection de DVD de films piratés", sourit le jeune homme. Et une maman qui le sensibilise à l'art. "Elle m'a envoyé en chambres de dessin en art appliqué tous les mercredis après-midi."

Atom explique à ses abonnés toutes les techniques de création d'effets spéciaux.
Sophie Babey – L'Indépendant

Or, la passage le prive de ses deux parents très tôt. Orphelin à 12, après 17 ans, il se jette à corps perdu dans l'univers parallèle des effets spéciaux. Voilà déjà presque cinq ans qu'il publie ses vidéos où il reproduit les scènes cultes du cinéma grand public, il recueille les critiques et affine son travail. Viré de son école privée spécialisée au bout de deux ans "parce que je n'étais pas dans le moule", il décide de se lancer, formé en mode solo sur internet. "Au pied du mur, je me donne un an, avant de faire un métier que je n'aime pas, pour essayer de vivre de mon art et de mes vidéos."

Son salut, comme souvent dans le métier, il le doit à un autre YouTubeur, fort à l'époque de 2 millions d'abonnés : Vodka Prod. "C'est lui qui m'a donné de la visibilité. Il m'a invité dans une vidéo, j'avais à peine 900 abonnés. Je suis passé simplement à 60 000!" 

Un chiffre qui donne un peu le vertige au début, mais Atom sait quoi raconter et comprend comment accrocher le public, notamment en collant à l'actualité. des semaines avant la sortie de Super Mario Bros le film, il imagine une bande-annonce en constituant une petite équipe : "Deux amis artistes 3D, un autre à la musique, Rémi Gaillard qui se prête au jeu sur un plan et une bande-son en anglais." Un mois de travail pour une séquence d'une minute et 17 secondes, récompensée par un million et demi de vues ! Le tout, tourné dans son salon…

Aujourd'hui, Eric monétise ses vidéos, son matériel est offert par ses sponsors, il signe des contrats professionnels, comme avec L'Oreal, avance-t-il. Il a sorti un livre en octobre dernier (La fabuleuse histoire des effets spéciaux, chez Hors Collection, 190 pages, 24,90€), et envisage de prendre sa compagne comme collaboratrice. Il prépare un site internet pour la rentrée 2024 baptisé visual campus, où il proposera ses propres formations… Comme une punition, déjà, sur ceux qui n'ont pas cru en lui. Vivre de son art pour Eric, c'est de la sorte rendre hommage à ses parents en faisant la synthèse de ce qu'ils lui ont transmis. Avec une photo de famille à la fin de son ouvrage. 

Tout comprendre des techniques de cinéma pour créer l'illusion, c'est de la sorte la promesse du livre rédigé par Atom.
Sophie Babey – L'Indépendant

« On peut travailler avec l’intelligence artificielle, il suffit de l’utiliser de la bonne manière »

"Je ne me suis pas fait que des amis", assume Eric Tualle, quand Atom a pris le risque de s'engager, dans ses vidéos, pour l'utilisation de l'intelligence artificielle. "Je me suis fait traiter de vendu, mais aujourd'hui, dire non à l'IA, ce serait dire non à internet quand c'est sorti!" Absurde, et surtout, souligne le jeune homme, "hypocrite". Il l'affirme, et le démontre dans ses publications, "il suffit de travailler avec l'IA de manière intelligente. La communauté des artistes se sent menacée. J'essaie de communiquer sur ma chaîne pour dire que ce n'est pas dangereux. Et après c'est une obligation technologique. Aujourd'hui, c'est là, en open source (accessible à tous, NDLR), alors comment dire non?" Il l'avoue, son "âme de geek a fait "waouh, c'est fou, incroyable"" en découvrant les possibilités qu'offre l'IA. Alors il a décidé de ne pas être le dernier à s'en emparer.

En regardant ses vidéos, on comprend l'utilisation qu'on peut en faire, ainsi que la complexité de l'outil. Et on touche du doigt son argument qui fait mouche : "L'IA est un outil qui décuple mes possibilités, me fait gagner du temps, mais surtout, chaque utilisateur en sort de chose de différent. Ce n'est pas la même chose que la simple maîtrise d'un médium. L'image qui sort à la fin, c'est celle que j'avais dans la tête au départ. Oui, l'IA, c'est compatible avec la créativité."

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